Les locaux du Cercle ... quelques éléments historiques ...
Le cercle est installé aux 1er et 2ème étages de l'ancienne sous-préfecture de Ribeauvillé.
Naissance de l'arrondissement de Ribeauvillé
Lorsque l’Alsace devient Reichsland, après la défaite de 1870, les autorités prussiennes créent une nouvelle entité administrative, le Kreis, l’arrondissement. Le Kreis de Ribeauvillé est l'un des vingt-deux Kreis du nouveau Reichsland et couvre quatre cantons : Sainte-Marie-aux-Mines, Ribeauvillé, Orbey et Kaysersberg. A la tête de l’arrondissement, un représentant du Reich - le Kreisdirector – est nommé par le Statthalter (gouverneur de région) ; c’était le plus souvent un fonctionnaire prussien.
- assoir l’autorité du régime et lutter contre les courants francophiles. Pour ce faire il dévoie le journal local, Rappoltsweller Kreisblatt, pour en faire un instrument de propagande, pour démontrer les bienfaits de l’annexion,
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mettre en place une administration qui va, de fait, gérer toutes les communes du Kreis. Jusqu'en 1905, le Conseil Municipal des communes n'était qu'une chambre d’enregistrement des décisions prises par le Kreisdirector.
Un bâtiment pour le siège de l’arrondissement
Dès le mois d’avril 1871, la municipalité est sommée de trouver un bâtiment, convenable et à peu de frais, pour y installer le siège de la Kreisdirection (sous-préfecture) et loger son directeur. Dans un premier temps le maire propose de mettre à la disposition du préfet le bâtiment communal de l’ancienne gendarmerie, sis à l’arrière de la mairie. Pour ce faire le gouvernement allemand allouerait une somme de 550 Taler, soit environ 1320 Francs.
Mais en juin, le directeur, Von MARWITZ, trouvant les locaux peu fonctionnels et indignes de son rang, demande à la commune de construire un édifice nouveau sur le Zimmerplatz (actuelle place du Général de Gaulle) et propose une contribution égale entre le gouvernement allemand, les communes du district et la ville de Ribeauvillé pour réaliser ce projet. Soit un engagement de 50 000 Francs pour chaque partie. En outre la ville devra céder gratuitement le terrain.
Le conseil municipal du 5 Juin 1871 est pour le moins vif et polémique. La majorité des conseillers rejette cette sollicitation au motif que la situation financière de la ville ne permet ni de construire, ni d’acheter une maison assez spacieuse pour y installer les bureaux et le logement du directeur de l’arrondissement.
Tout au plus le maire, Louis Auguste KLEE, se dit prêt à céder gratuitement le terrain.
Finalement, vu l’urgence, la préfecture installe provisoirement le Kreisdirektor dans la maison du notaire HOMMEL (photo ci-dessus) qui a opté pour la nationalité française.
Cette demeure était située rue de l’instituteur Ortlieb, à l’emplacement actuel de la Résidence du Lutzelbach, rue Salzmann. Mais en avriI 1872, Von MARWITZ est muté et le nouveau directeur exige que les bureaux de la Kreisdirection soient installés au premier étage de la mairie. Le conseil réagit aussitôt et argumente que la municipalité ne peut pas se dessaisir de ces locaux, notamment la salle du conseil, à cause des nombreuses séances du conseil, de la caisse d’épargne et des caisses de solidarité qui s'y tiennent tout au long de l’année et, que le défaut de cette salle gênerait dans bien des circonstances les services de l’administration locale.
Il faudra attendre l’année 1898 pour que les autorités allemandes se décident à construire une nouvelle Kreisdirection, route de Hunawihr (actuelle sous-préfecture). Les archives de la ville de Ribeauvillé ne comportent aucune trace des décisions concernant cette construction, ni même de plan. A croire que l’autorité municipale de l’époque a été mise devant le fait accompli, sans aucune concertation.
Dès l’inauguration des nouveaux locaux, les autorités germaniques affichent dans le salon d’honneur le tableau du prince Max (ci-contre), saisi comme Bien National lors de la Révolution. Le message était on ne peut plus clair : l’Alsace est bien une terre d’Empire puisque le berceau des rois de Bavière se situe à Ribeauvillé. Ce tableau a été restitué à la ville de Ribeauvillé en 2009 et figure en bonne place dans la Salle Rouge de l’Hôtel de ville.
Les occupants successifs de la «sous-préfecture»
A la fin de la première guerre mondiale, ce fut tout naturellement l’administration française qui prit possession du bâtiment en conservant – pour un temps du moins - la division administrative en districts (Bezirk) et cercles (Kreis). C’est le capitaine SAINT-GIRONS, ancien maire de Thann, qui est nommé administrateur militaire de l’arrondissement de Ribeauvillé. Puis, le 19 mars 1919, c’est M. DIETZ, officier interprète, qui lui succèdera. Les Commissaires de la République vont changer au fur et à mesure de la « normalisation » du fonctionnement administratif. En décembre 1919, M. LABORIE DE LARIGALDIE qui, depuis près de deux mois, exerce les fonctions de sous-préfet, est nommé à ce poste à titre définitif.
Dès le début de la « drôle de guerre », la défense passive s’organise. Une cave de la sous-préfecture sera organisée en abri anti bombardement réservé aux autorités. Le 18 juin 1940, les troupes allemandes occupent Ribeauvillé et, à peine huit jours plus tard, le 23 juin, le Landkommissar KARG (équivalent du sous-préfet) s’installe dans le bâtiment de la route de Hunawihr. Le 13 novembre 1944, le Landkommissar du moment fait évacuer les archives secrètes : lui-même et ses derniers employés fidèles quitteront le bâtiment le 24 novembre.
Entrés à Ribeauvillé le 3 décembre, les Américains s’installent dans les bâtiments de la sous-préfecture dès le 11 décembre.
Aussi, lorsqu’il arrive à Ribeauvillé début janvier 1945, le nouveau sous-préfet doit habiter dans la maison Gerber-Metz avant de rejoindre la route de Hunawihr.
A partir du premier trimestre 1945, les sous-préfets vont se succéder jusqu’en 2014, date à laquelle le ministère de l'Intérieur lance, en Alsace, une expérimentation pour une réforme des sous-préfectures qui avait « une densité extrêmement importante [de sous-préfectures] qui date de 1871, lorsqu'il s'agissait alors de mieux contrôler la population alsacienne et d'installer l'empire allemand ».
Soucieuse de conserver dans son patrimoine ce bel exemple d’architecture wilhelmienne, la municipalité de Ribeauvillé rachète le bâtiment pour le consacrer à la mémoire de Ribeauvillé ; se trouvent donc réunis sous le même toit les Archives municipales (au rez-de-chaussée) et celles du Cercle de Recherche Historique de Ribeauvillé et Environs (aux 1er et 2ème étages).
Le déménagement des fonds de cette dernière a lieu au cours de l’été 2015. Les membres du Cercle, sous la houlette de Raymond Fuhrmann, ont pu organiser, dans ce bel espace de quelques 400 m², les « collections » de l’Association pour permettre aux chercheurs – jeunes et moins jeunes – d’accéder facilement à la masse de documentation réunie tout au long de presque un siècle.
Plan d'implantation du fonds documentaire dans les locaux du Cercle
Ci-dessous, quelques photos : salon de réception, photothèque papier, salle de réunion