Le Prince Max

« Par la place qu’ils ont occupée durant un demi-millénaire sur la scène politique de Haute-Alsace et parfois bien au-delà, par la beauté de leurs trois châteaux dominant Ribeauvillé, par la richesse de leurs archives parvenues jusqu’à nous et peut-être aussi par la consonnance si aristocratique de leur nom, les sires de Ribeaupierre (Die Herren von Rappolstein en allemand) s’imposent à l’attention des historiens » [Introduction de Bernard Guenée au remarquable ouvrage de Benoît Jordan : Entre la gloire et la vertu : les Sires de Ribeaupierre ; 1451/1585 - Publications de la Société Savante d’Alsace et des régions de l’Est – 1991].

Les Rappolstein règnent sur leur fief de 1160 à 1673 et « rares sont les événements [de l’histoire alsacienne] auxquels un sire de Ribeaupierre n’a pas pris part » (B. Jordan ; op. cit.). Ce ne sont pas – comme on pourrait le croire – de simples petits hobereaux de province ; ils jouent « dans la cour des grands » et s’affirment progressivement comme l’une des premières puissances d’Alsace : la principauté des Ribeaupierre compte plusieurs bailliages d’importance : Bergheim, Guémar, Heiteren, Jebsheim, Orbey, Ribeauvillé, Sainte-Marie-aux-Mines, Wihr-au-Val, Zellenberg. C’est, après les possessions habsbourgeoises, la seigneurie la plus importante (en revenus et en superficie) de la Haute-Alsace. Au cours du temps, ils sont proches des Hohenstauffen puis des Habsbourg (ils s’appellent « mon cousin »), sont liés à la maison de Lorraine, à celle de Bourgogne et à celle d’Autriche, proches des rois de France (ami personnel de Louis XV et de la Pompadour), reçoivent à Ribeauvillé Elisabeth d’Autriche, reine de France (1576) Louis XIV (1673) et le roi de Pologne, Stanislas Leszczynski (1725).

Outre les célèbres trois châteaux, Ribeauvillé compte encore de nombreuses traces visibles de la grandeur des Ribeaupierre :

  • le 4e château, ou château bas, actuel lycée. La date exacte à laquelle les Ribeaupierre s’installèrent dans cette résidence reste indéterminée. On suppose que le château a été construit au XVe siècle. Mais le site a été acheté par les Ribeaupierre dès 1335 (aux Altenkastel) ;
  • les deux jardins d’agrément des seigneurs de Ribeaupierre : le premier, situé dans l'enclos du château bas ou Schlossberg (non visitable). C’est en 1335, que les Ribeaupierre acquièrent le « Kilchhof Sankt Margrethen » et, avec les Deux-Ponts en restent propriétaires jusqu’en 1792. La première mention d’un Herregarte in der obere Statt apparaît dans un acte du 3 mars 1465 (Urkundenbuch). Le parc ne cessera alors de s’embellir jusqu’à la Révolution : nombreuses mentions d’un Tiergarten (zoo) au XVIe siècle, création d’une orangerie et plantation d’arbres exotiques en 1611, installation de quatre statues du sculpteur Jean Baptiste Ignace Brosch en 1735 …  En 1792, le jardin, vendu comme bien national, les arbres exotiques du jardin des Ribeaupierre (681 orangers et citronniers) sont dispersés (orangerie de Strasbourg, place Rapp à Colmar). En 1803, un certain Henry de Mulhouse achète la propriété pour la revendre à la famille de Beer (ancien chancelier des Deux-Ponts). A la suite des hasards des successions, le jardin deviendra la propriété de l’hôpital protestant (1895), puis de l’hôpital de Ribeauvillé (1992). En 1997, les jardins sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques [d’après Jean-.Jacques Becker et François Thirion]. Le second : le Blauelhofgarten, aussi nommé « Lustgarten » ou « Herrengarten» est l’ancien nom du Jardin de ville à l’entrée de Ribeauvillé (voir la rubrique de ce site, consacrée au Herrengarten).
  • de nombreuses propriétés données en fief à leurs vassaux (fiefs de résidence, Seslehen: Rathsamhausen (3, rue des Juifs), Pflixbourg (5, Grand'Rue), Berckheim (Ancienne maison Jeanne d'Arc - 1, place de Berckheim), Müllenheim (se trouvait Grand'Rue, à l'actuel emplacement du noviciat du couvent, en face des anciens abattoirs) , Waldner de Freundenstein (60, rue de la Fraternité), de Truchsess de Rheinfelden (ancienne école de fille, rue Ortlieb) et Wetzel de Marsilien (se trouvait à l'emplacement de l'ancien hôpital catholique, rue du Château) ;
  • les vestiges des murs d’enceinte dont la construction a été autorisée par l’empereur Rodolphe de Habsbourg lors d’une visite à Ribeauvillé en 1284 (voir la rubrique de ce site, consacrée à la Tour des Bouchers). Privilège qui sera confirmé en 1290 par l’octroi à Ribeauvillé du statut de ville ;
  • leurs lieux de sépultures (ou ce qu’il en reste après la Révolution) dans l’église Saint Grégoire, la chapelle Sainte-Catherine, l'église des Augustins de Ribeauvillé (église du Couvent), …
  • et bien sûr, les fameux hanaps et autres pièces d’orfèvrerie exposés à la mairie de Ribeauvillé (voir la rubrique de ce site, consacrée aux hanaps) ;
  • de nombreux objets et meubles saisis à la Révolution sont visibles au musée des Unterlinden à Colmar.

Cette "grandeur des Ribeaupierre" se poursuivra en apothéose par l'accession du prince Max à la royauté de Bavière.  


   

    

  

   

 

 

  Sources
 La Revue Municipale "Bien vivre à Ribeauvillé" n° 9 - juin 2010 - Page 9 et 20
 La Revue Municipale "Bien vivre à Ribeauvillé" n° 9 - juin 2010 - Page 10 et 19 (arbre généalogique - descendance du prince Max)

 

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